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De 1928 à 1936, Eugène Dabit écrit son journal, en parallèle avec l'écriture de ses romans. Peu enthousiaste au début, ses phrases sont courtes et peu significatives, mais peu à peu, se prenant au jeu, il y livre ses pensées intimes et rédige même de longues tirades philosophiques et des récits qui seront les prémisses de ses romans...
Des fenêtres de l'Hôtel du Nord on voit le canal Saint-Martin, l'écluse où attendent les péniches, des usines et des fabriques, des maisons de rapport. Des camions montent vers le bassin de La Villette, descendent vers le Faubourg-du-Temple. Non loin, il y a la gare de l'Est, la gare du Nord. Le soir, on entend le bruit monotone de l'eau qui tombe d'une écluse. On traverse une région morne: eaux dormantes, quais déserts, où Léon-Paul Fargue et Jules Romains portèrent leurs pas.L'Hôtel du Nord s'élève près de la rue de la Grange-aux-Belles. C'est une vieille bâtisse faite de carreaux de plâtre et de mauvaises charpentes, où vivent des camionneurs, des mariniers, des maçons, des charpentiers, des employés, de jeunes ouvrières. Une soixantaine de personnes qui quittent l'hôtel le matin, vers sept heures, et n'y rentrent que le soir pour dormir. Ils occupent des chambres ternes et exiguës, froides l'hiver, étouffantes l'été; les couloirs sont humides, l'escalier raide...
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