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  • av Paul Janet
    184,-

    " ...Les solutions chrétiennes des problèmes humains, ce sont les dogmes. M. Guizot ne prétend pas faire un traité de théologie : il n'exposera donc pas tous les dogmes chrétiens. Il reconnaît d'ailleurs qu'une part humaine s'est mêlée à l'élaboration de ceux-ci. Le christianisme a eu ses pharisiens et ses sadducéens. M. Guizot même nous donne à entendre que, si nous n'étions pas dans une période de crise, il pourrait bien, lui aussi, dire ce que dans la théologie chrétienne il ne défend pas, il n'accepte pas ; mais il ne convient à aucun chrétien de toucher aux parois extérieures du temple lorsque les fondements mêmes sont ébranlés. Il ne parlera donc que des dogmes essentiels, c'est-à-dire de ceux qui sont communs à tous les chrétiens. Ils sont au nombre de cinq, la création, la providence, le péché originel, l'incarnation, la rédemption..."

  • av Paul Janet
    172,-

    " ...si l'abandon de la pensée dans l'église catholique est un mal pour l'église elle-même, ce qui la regarde, nous croyons pouvoir dire en même temps que c'est aussi un mal pour l'esprit humain en général. L'église catholique, malgré ses tendances rétrogrades, est encore une trop grande chose dans le monde pour ne pas jouer même aujourd'hui un rôle important dans le domaine de la pensée si elle le voulait. Cette église représente sous sa forme la plus précise et la plus concrète le principe religieux ; or la religion prise dans son idée et indépendamment de toute forme est l'expression la plus élevée de la philosophie. Aristote, quand il a voulu donner un nom à la plus haute des sciences, l'a appelée théologie. Sans doute, c'est un inconvénient pour un penseur de partir de dogmes préconçus ; la liberté de l'invention philosophique est singulièrement limitée par là ; mais il y a, ou du moins il y avait autrefois en théologie bien plus de liberté qu'on ne se l'imagine, et bien des hardiesses métaphysiques sont sorties de la théologie. Sont-ce les métaphysiciens ou les théologiens qui ont poussé le plus loin la question du libre arbitre ? ..."

  • av Paul Janet
    184,-

    La révolution de 1789 a été, à n'en pas douter, une révolution sociale : a-t-elle été aussi une révolution socialiste ? Pour résoudre cette question, il faudrait s'entendre sur le sens du mot socialisme, et il faut avouer que, s'il est facile de réfuter le socialisme, il n'est pas aussi facile de le définir. On désigne généralement par là une doctrine qui porte atteinte au principe de la propriété individuelle. Cependant toute modification au régime de la propriété doit-elle par là même être appelée une mesure socialiste ? Nul doute qu'à toutes les époques de l'histoire on n'ait plus ou moins modifié le régime de la propriété ; les diverses lois successorales dans les différents pays en sont une preuve suffisante : toutes ces modifications seront-elles à la charge ou à l'honneur du socialisme ? Bien loin de le compromettre par là, on lui donnerait au contraire une généalogie et une tradition dont il n'a pas besoin. Il faut donc restreindre le socialisme, si on ne veut pas tout confondre, à la conception d'un ordre nouveau et purement chimérique de distribution des richesses, qui les mettrait à portée de tous par l'autorité de la loi...

  • av Paul Janet
    184,-

    " Il est une disposition qui tend à dominer dans les sciences, et dont le matérialisme contemporain ne manque pas de se prévaloir : c'est l'aversion non déguisée des savants pour les causes finales et pour tout ce qui y ressemble. Je ne m'explique pas bien, je l'avoue, cette aversion. En quoi donc l'hypothèse d'un plan et d'un dessein dans la nature (car c'est en cela que consiste la doctrine des causes finales) est-elle contraire à l'esprit scientifique ? Il faut distinguer soigneusement ici deux ordres d'idées : la méthode et le fond des choses. La méthode des causes finales peut être stérile et nuisible dans la science, sans qu'il en résulte pour cela qu'il n'y ait point de causes finales dans la réalité. Sans doute, si nous commençons par supposer que tel phénomène a un but et un certain but, nous pouvons être entraînés par là, pour mettre les choses d'accord avec ce but imaginaire, à supprimer des faits réels et à en introduire de chimériques : il ne faut donc point partir de cette idée préconçue, et que l'expérience pourrait démentir ; mais si c'est là une mauvaise méthode pour découvrir les faits (et cela même est-il vrai sans restriction ?)..."

  • av Camille Bellaigue
    172,-

    " Le p. Gralry a parlé dans les Sources de cet unique travail que l'oracle imposait à Socrate dans sa prison, pendant les quelques jours qui le séparaient de la mort, lorsqu'il lui dit ce mot que nous ne savons pas traduire : Ne faites plus que de la musique ; mot qui doit signifier qu'il faut finir sa vie dans l'harmonie sacrée. Ce travail unique a été tout le travail du P. Gratry, le travail de son esprit et de son c¿ur. Il a pratiqué, dans le sens le plus étendu et le plus noble, le précepte qu'il croyait ne pas savoir traduire, et sa vie ne s'est pas seulement achevée dans l'harmonie : elle s'y est écoulée tout entière.Harmonie de l'homme avec lui-même : accord entre les divers modes de connaître, entre les divers objets de la connaissance, entre les sciences, ou plutôt la science comparée, et la foi ; harmonie de tous les hommes et de tous les peuples entre eux par la commune obéissance aux lois évangéliques de justice et de charité : tels sont les cercles toujours élargis et comme dilatés, que le P. Gratry a remplis de lumière par sa pensée et de chaleur par son amour..."

  • av Paul Janet
    184,-

    " Je réunis dans ce volume deux articles qui ont paru dans la Revue des deux mondes au mois d'août et au mois de décembre derniers, en y ajoutant de nouveaux et importants développements. Avec ces développements, je crois pouvoir donner cet ouvrage comme une critique à peu près complète du livre de M. Büchner Matière et force, sorte de manuel matérialiste, qui a eu un grand succès en Allemagne, et qui, traduit récemment, paraît en avoir eu aussi un assez grand parmi nous. Le matérialisme, nous revenant de l'Allemagne, est certainement l'un des phénomènes les plus curieux du temps où nous vivons. Ce grand pays avait été jusqu'ici le domaine réservé du mysticisme et de l'idéalisme ; il n'avait connu l'athéisme que dans les soupers de Frédéric, dont les hôtes, pour la plupart, étaient Français. Cette philosophie grossière, que nous répandions alors en Europe, les Allemands nous la renvoient aujourd'hui. Ils sont las de passer pour des rêveurs sentimentaux, et ils veulent aussi, à leur tour, dire leur fait à l'âme, à Dieu, à tous les vieux préjugés..."

  • av Camille Bellaigue
    172,-

    "... Nietzsche d'abord est le plus proche de nous. Quelques-uns d'entre nous peuvent encore le revoir en personne à travers ses ouvrages et retrouver dans ses écrits l'accent avec le timbre, - musical, dit-on, - de sa voix. Et parce qu'il fut notre contemporain, il eut sur ses devanciers, même les plus éminents, sur un Hegel, par exemple, l'avantage de connaître toute musique, y compris celle d'un âge musical entre tous, le nôtre, et de pouvoir ainsi fonder, élever sur une base pratique plus large l'appareil ou l'édifice idéal de ses spéculations..."

  • av Paul Janet
    233,-

    " Comme ce travail a paru à quelques personnes une utile introduction à la philosophie de Platon, j'ai cru devoir le réimprimer en essayant d'y apporter quelques améliorations. Mais pour lui donner un intérêt un peu plus présent, j'y ai ajouté une étude sur la dialectique de Hegel, afin qu'on put voir les analogies et les différences de ces deux philosophies et de ces deux méthodes, Hegel ayant souvent lui-même donné sa dialectique comme une application et un perfectionnement de celle de Platon.En publiant des études d'un caractère si abstrait et spéculatif, je sais que je vais contre la tendance du moment, qui paraît de moins en moins favorable à la métaphysique et à la philosophie pure. Et cependant je persiste à croire que ces recherches sont le plus haut et le plus digne objet des investigations humaines, et que leur abandon serait un grand signe d'abaissement intellectuel. C'est dans cette pensée et dans cette crainte que j'ai écrit récemment le morceau qui sert d'introduction à ce volume. Il m'a semblé qu'une défense de la philosophie et de la métaphysique ne serait pas mal placée ici, et protégerait en quelque sorte les études qui suivent."

  • av Paul Janet
    196,-

    "La philosophie de Platon a été relevée dans ces derniers temps du discrédit où le dix-huitième siècle l'avait fait tomber. De nombreux écrits, en France et en Allemagne, en ont éclairci plusieurs parties obscures et expliqué les plus fécondes vérités. Les travaux d'un écrivain illustre ont rendu populaires les Dialogues de Platon, et jeté une lumière éclatante sur l'esprit vrai de cette philosophie antique et sur quelques-uns de ses points essentiels. Depuis, de grandes études ont été entreprises sur les philosophies qui ont suivi Platon. Aristote et les Alexandrins ont à leur tour occupé les efforts d'une critique pénétrante ; et l'intelligence de la doctrine de Platon a dû gagner à l'étude de ce disciple si éminent et de ces continuateurs pleins de génie..."

  • av Camille Bellaigue
    172,-

    "... Music is the food of love, la musique est l'aliment de l'amour, a dit Shakspeare. Langue que pour l'amour inventa le génie, a dit Musset. Avec moins de poésie et plus de finesse, Berlioz a remarqué que, si l'amour ne pouvait donner aucune idée dis la musique, la musique, au contraire, pouvait donner une certaine idée de l'amour. Oui, sans doute, une idée de l'amour, et même des idées d'amour ; elle exprime l'amour, et l'inspire.Il n'est pas étonnant que l'amour tienne dans la musique plus de place que dans les autres arts. d'abord la peinture, la sculpture, l'architecture, savent exprimer des idées et des faits. La musique, non pas ; les sentimens seuls sont de son domaine, et, de tous les sentimens, le premier, à l'ancienneté comme au choix, c'est l'amour. De plus, les sons produisent sur les nerfs un effet spécial que ne produisent ni les formes ni les couleurs, et la musique est de la sorte à la fois conseillère et interprète d'amour..." C.B.

  • av Camille Bellaigue
    184,-

    "...On comprend qu'au spectacle du monde physique, intellectuel et moral les philosophes aient conçu l'idée de l'évolution, et qu'ils aient dit: le changement est la loi. La nature extérieure, l'esprit et le c¿ur humain sont dans un perpétuel devenir ; hommes et choses semblent entraînés par un mouvement, par une tendance incessante. Toutes les grandes voies de l'humanité sont faites d'étapes successives et toujours renouvelées ; semées, comme les voies romaines, de pierres où les passans se reposent avant de repartir. Il est des passans qui ne reprennent pas leur chemin, qui tombent pour ne plus se relever. Les civilisations, les religions, les arts peuvent mourir; mais la civilisation, la religion et l'art ne meurent jamais. Leurs formes passagères s'usent, comme les sandales d'un éternel voyageur ; le voyageur marche toujours. Il sait que la course est longue, mais qu'un jour peut-être il touchera la terre promise..." C.B.

  • av Camille Bellaigue
    184,-

    " ... Son caractère est ouvert, gai, vif quelquefois jusqu'à la pétulance, un peu mobile, néanmoins excellent. À tout considérer, c'est un enfant aimable, qui donnera de la satisfaction à ses maîtres et deviendra la consolation et l'orgueil de sa mère. Voilà le premier portrait de Gounod. Daté du 30 mars 1829, il est signé d'Hallays-Dabot, directeur de la pension que l'écolier de onze ans quittait alors pour entrer au lycée Saint-Louis. Quelques mois plus tard, le soir de la Saint-Charlemagne, après deux heures d'attente sous la neige de janvier, le petit garçon pénétrait pour la première fois dans la salle du Théâtre-Italien. Il y entendit Otello, et la musique lui fut révélée. Par quelle page de l'¿uvre ? On aime à croire que ce fut par la plus belle, par l'immortelle plainte qu'avec admiration, peut-être avec reconnaissance, Gounod devait rappeler un jour, en invoquant sur la tombe de Rossini le triste et doux gondolier de Desdemona ..."" ... Son caractère est ouvert, gai, vif quelquefois jusqu'à la pétulance, un peu mobile, néanmoins excellent. À tout considérer, c'est un enfant aimable, qui donnera de la satisfaction à ses maîtres et deviendra la consolation et l'orgueil de sa mère. Voilà le premier portrait de Gounod. Daté du 30 mars 1829, il est signé d'Hallays-Dabot, directeur de la pension que l'écolier de onze ans quittait alors pour entrer au lycée Saint-Louis. Quelques mois plus tard, le soir de la Saint-Charlemagne, après deux heures d'attente sous la neige de janvier, le petit garçon pénétrait pour la première fois dans la salle du Théâtre-Italien. Il y entendit Otello, et la musique lui fut révélée. Par quelle page de l'¿uvre ? On aime à croire que ce fut par la plus belle, par l'immortelle plainte qu'avec admiration, peut-être avec reconnaissance, Gounod devait rappeler un jour, en invoquant sur la tombe de Rossini le triste et doux gondolier de Desdemona ..."

  • av Paul Janet
    172,-

    " Un homme d'un esprit élevé et d'un caractère respectable, connu par un livre philosophique qui n'est pas sans originalité: le Système moral, M. Charles Lambert, mort récemment, a fondé un prix, accepté par l'Institut, sur ce sujet : l'avenir du spiritualisme. Si nous étions encore dans l'âge des concours, nous eussions aimé à être au nombre des concurrents. Nous nous sommes, en effet, bien souvent interrogé sur ce redoutable problème : nous nous sommes demandé quelles peuvent bien être encore, dans la société moderne divisée par tant de courants d'idées, les espérances des idées spiritualistes. S'il fallait en croire les apparences, ne seraient-ce pas plutôt les idées contraires qui sont de plus en plus envahissantes et menaçantes ? Voyez, dira-t-on, la science ; dans son développement progressif, ne donne-t-elle pas de plus en plus raison aux doctrines matérialistes? Les esprits les plus libres ne se portent-ils pas de ce côté ? Soit ; mais je n'ai pas besoin d'autres faits pour déjouer l'illusion dont on est dupe...

  • av Paul Janet
    184,-

    " Dans le plus beau peut-être de ses dialogues, Platon, après avoir mis dans la bouche de Socrate une admirable démonstration de l'âme et de la vie future, fait parler un adversaire qui demande à Socrate si l'âme ne serait pas semblable à l'harmonie d'une lyre, plus belle, plus grande, plus divine que la lyre elle-même, et qui cependant n'est rien en dehors de la lyre, se brise et s'évanouit avec elle. Ainsi pensent ceux pour qui l'âme n'est que la résultante des actions cérébrales ; mais on oublie qu'une lyre ne tire pas d'elle-même et par sa propre vertu les accents qui nous enchantent, - et que tout instrument suppose un musicien. Pour nous, l'âme est ce musicien, et le cerveau est l'instrument qu'elle fait vibrer. Je sais que Broussais s'est beaucoup moqué de cette hypothèse d'un petit musicien caché au fond d'un cerveau ; mais n'est-il pas plus étrange et plus plaisant de supposer un instrument qui tout seul et spontanément exécuterait, bien plus, composerait des symphonies magnifiques ? Sans prendre à la lettre cette hypothèse, qui n'est après tout qu'une comparaison, nous pouvons nous en servir comme d'un moyen commode de représenter les phénomènes observés..."

  • av Camille Bellaigue
    184,-

    " En 1524 selon le témoignage déjà ancien de l'abbé Baini, en 1526 d'après les plus récentes recherches du docteur Haberl, Clément VII étant pape et Charles-Quint empereur, naquit à Palestrina, au pied des montagnes de Sabine, l'enfant qui devait faire un jour sien et célèbre à jamais le nom de sa ville natale. Il s'appelait Giovanni Pierluigi. Ses parents, Santi Pierluigi et Maria Ghismondi, étaient de petits bourgeois et possédaient un peu de bien : une maisonnette avec quelques châtaigniers, sur les pentes escarpées d'où la bourgade qui fut Préneste regarde encore les horizons romains..."

  • av Paul Janet
    337,-

    " Si cette proposition : Toute chose a une fin n'est qu'une généralisation empirique plus ou moins légitime, il est évident qu'elle ne peut servir de principe. Dès lors la question change de face. Ne sachant pas d'avance que toute chose a une fin, comment pouvons-nous savoir en particulier que telle chose est une fin ? À quel signe reconnaissons-nous que quelque chose est une fin ? S'il y a un principe des causes finales, ce n'est donc pas celui qui consiste à dire qu'il y a des fins, mais celui qui nous apprendrait à quoi se reconnaît une fin, et comment un but se distingue d'un résultat. Voilà le vrai problème. Affirmer un but, c'est affirmer une certaine espèce de cause: à quelles conditions sommes-nous autorisés à affirmer ce genre de cause plutôt qu'un autre ? C'est ce qu'il faut chercher. L'affirmation a priori de la finalité est un piège de la raison paresseuse (ignava ratio). Le problème est plus délicat, et exige de plus lentes recherches. Il sera l'objet de ce traité...."

  • av Charles Malato
    184,-

    " C'est chose commune que faire la critique de notre société, soit au point de vue des institutions politiques soit au point de vue du système économique. On a envisagé aussi l'influence que pourrait avoir une révolution sociale sur l'évolution ultérieure de la philosophie, de l'art, des sciences. Des poètes comme William Morris, des romanciers comme Wells, des sociologues comme Bellamy et Spence, ont tenté l'exploration des temps futurs, en attendant - ce qui viendra - que les lois de l'histoire étant formulées tout comme celles de la chimie et de la mécanique, on puisse prédire approximativement, bien à l'avance, les grands mouvements de l'humanité, tout comme on prédit les phénomènes célestes.Mais il est un point qu'on n'a pas, croyons-nous, étudié jusqu'ici : c'est l'influence d'une révolution vraiment sociale - c'est-à-dire profonde et non superficielle comme les révolutions politiques - sur l'évolution zoologique de l'espèce humaine..."

  • av Charles Malato
    298,-

    Le grand jour était venu. Dans les bois calmes et profonds courut soudain un frémissement ; un coup de sifflet longuement prolongé déchira l'air et, à ce signal, comme en un brusque changement de décor, surgirent partout, de l'épaisseur des fourrés des groupes et des individus.Les rayons mourants du soleil, tamisés par le dôme de feuillage, éclairaient le rassemblement dans une large clairière, de plusieurs centaines d'hommes.C'étaient des mineurs, les esclaves de Chamot, roi des mines de Pranzy et de Mersey.La veille au soir, Ronnot, délégué par ses camarades, était allé recevoir à la gare Baladier, orateur révolutionnaire à la voix ronflante, mais inféodé à la police qui lui faisait jouer, avec succès, les rôles d'agent provocateur...

  • av Charles Malato
    220,-

    " Les idées vont vite à notre époque : pour qui se reporte à quelque vingt ans en arrière, au lendemain de la guerre et de la Commune, la transformation dans les goûts, dans les opinions, dans les m¿urs est grande, troublante même pour les timides. On s'essayait à balbutier le mot république, sans, du reste, rien entrevoir derrière, et voici qu'après la république, enlisée dans l'ornière bourgeoise et le socialisme, émasculé par ses propres chefs, l'anarchie, à son tour, entre en scène, non seulement dans le domaine spéculatif mais dans celui des faits. Les vieux jacobins, admirateurs minuscules des géants de la Convention , sont descendus dans leur tombe; les fougueux démocrates d'antan ont pris du ventre et de la sagesse ; les débris de la Commune, après avoir étonné le monde de leur courage et de leur foi, ne surprennent plus que par la petitesse ou le vide de leurs conceptions : pauvres astres, jadis rutilants, aujourd'hui éteints ! Ils n'ont cependant pas plus que d'autres, trahi ou renoncé à ce qui fut leur idéal et qu'ils défendirent ; seulement, le monde a marché..."

  • av Charles Malato
    220,-

    " ...Il est à remarquer que tous les grands mouvements sociaux ont été précédés et accompagnés de troubles psychiques. À l'approche de ces commotions, quelque chose d'indéfinissable flotte dans l'air qui déséquilibre les cerveaux. Les jacqueries du moyen âge ont eu leurs sorciers, leurs extatiques, leurs miracles même, car le miracle n'est souvent que la simple manifestation d'un phénomène physiologique : impressionnabilité des nerfs, puissance intuitive de l'imagination, pénétration magnétique des individus. La Révolution française est précédée d'un demi-siècle de scènes étranges, dignes du pinceau d'Holbein : convulsionnaires du cimetière Saint-Médard, Illuminés, Mesmériens. Toutes les fibres du cerveau, étrangement surexcitées, vibrent sous un vent de folie qui n'est peut-être que la perception confuse de grands événements. La science matérialiste expliquera sans doute un jour cette réaction des faits sur l'organisme humain, analogue à ces ondulations qui s'engendrent et se reproduisent à l'infini..."

  • av Thérèse Bentzon
    184,-

    " ...Le caractère de l'assemblée est exprimé ainsi : Nous, femmes de toutes les nations, sincèrement persuadées que le bien de l'humanité peut être avancé par une unité plus grande de pensée, de sympathie et de but, et qu'un mouvement organisé par les femmes contribuera d'abord au bien de la famille et de l'Etat, nous nous enrôlons en une confédération de travailleuses qui se propose d'appliquer de plus en plus à la société, aux m¿urs et à la loi, la Règle d'Or : Fais à autrui ce que tu voudrais qu'on le fît. Cet idéal une fois posé, les moyens pratiques pour le rendre réalisable furent activement poursuivis. Il s'agissait de procurer aux femmes des différentes parties du monde l'occasion de se réunir afin de discuter les questions qui les intéressent..."

  • av Thérèse Bentzon
    172,-

    " La figure de Tolstoï, tel que l'auteur de Résurrection m'est apparu l'automne dernier, malade, persécuté, excommunié et tenant tête à l'orage avec la vigueur passive d'un grand chêne qui brave la foudre, restera inséparable dans mon souvenir du cadre dont l'entouraient les merveilleux paysages de Crimée. Le contraste était pathétique entre leur riante splendeur et la tragédie de cette destinée sur laquelle tout l'Empire, toute l'Europe avaient alors les yeux, s'attendant à la mort du pécheur, une mort prochaine que ne devait accompagner aucune bénédiction, aucune prière. Bien que défense fût faite aux journaux de parler de lui, tout le monde savait qu'il avait fallu des raisons graves pour décider Tolstoï à quitter sa chère retraite de Yasnaïa Polnaïa. C'était là que je m'étais d'abord promis d'aller le voir, dans son véritable milieu, menant sa vie multiple de réformateur et d'artisan, de laboureur et de poète, roulant dans un cerveau toujours actif les types si vivants de son ¿uvre si vaste, tout en conduisant la charrue. Mais la volonté des médecins, soutenue par celle de sa famille, s'imposa ; il fut contraint de chercher sur la Côte d'Azur de la Russie un climat plus doux que celui de Toula,..."

  • av Thérèse Bentzon
    184,-

    " ...L'humour, quelque ingénieux qu'il soit, nous semble être une sorte de maladie propre aux parages brumeux, autant pour le moins qu'une qualité littéraire. Si, comme l'a fait Alfred de Musset par exemple, nous lui empruntons son amertume exotique pour l'ajouter au sel plus franc de notre gaîté gauloise, éclose, épanouie en plein soleil, ce n'est jamais sans précautions ni méfiance : nous craindrions de jongler trop hardiment avec le crâne de Yorick et encore plus avec les facétieuses planètes de Jean-Paul. L'humour anglais, lugubre en somme, nous serre le c¿ur ; la profondeur de l'humour allemand nous semble souvent lourde et obscure. Il est curieux d'étudier à ce point de vue les humoristes américains et de constater les transformations qu'a subies cette forme littéraire, résultat chez eux d'une habitude d'esprit importée, acclimatée, ensauvagée dans le Nouveau-Monde..."

  • av Thérèse Bentzon
    184,-

    " La guerre entre la Russie et le Japon prête une saveur nouvelle à tous les livres écrits sur l'Extrême-Orient, et, parmi ces livres, il n'en est pas qui offrent un plus vif intérêt de renseignements et d'art que l'¿uvre de l'écrivain, exquis dans son étrangeté, qui signe Lafcadio Hearn.Kipling, Stevenson, Hearn, ces trois noms mériteraient d'être cités au même rang dans la littérature d'un même pays, si l'on ne tenait compte que du talent, nourri chez tous les trois d'exotisme. D'où vient que les deux premiers sont universellement connus, tandis que le troisième n'a été apprécié jusqu'ici à sa valeur que par un groupe de délicats ? La raison en est peut-être à son dédain de la popularité et des moyens qui y conduisent. Ses ouvrages, d'une distinction unique, ne sont pas nombreux, et dans le même volume se trouvent rassemblés comme au hasard des nouvelles, des essais, des souvenirs personnels, des impressions de voyage, de la psychologie, des contes fantastiques..."

  • av Thérèse Bentzon
    172,-

    " Je n'ai jamais vu à Londres autant de choses intéressantes qu'en plein été, au moment où il n'y avait censé rien à Voir. Aurais-je, par exemple, entrepris dans la saison mondaine des voyages de découvertes tels que celui qui me conduisit vers un des plus anciens monuments de la Cité, l'église normande de Saint-Barthélémy ? Aurais-je eu le temps de visiter à plusieurs reprises tant de collections d'art ? Aurais-je osé rechercher en simple badaud les amusements populaires d'Earl's Court ?On peut passer des jours dans la galerie Tate, cette annexe de la Galerie Nationale qui occupe aujourd'hui l'emplacement d'une prison cellulaire définitivement détruite, Millbank. Elle fut offerte à la nation, il y a peu d'années, par Henry Tate pour l'encouragement et le développement de l'art britannique et en actions de grâces d'une carrière prospère de soixante ans dans les affaires. La dédicace, ainsi rédigée sur la base d'une colonne du hall central, indique la provenance de soixante-cinq des tableaux auxquels se sont ajoutés ceux de la collection Vernon, puis les legs Chantry et Vaughan, composant pêle-mêle un ramassis de chefs-d'¿uvre et de médiocrités que domine de toute sa majesté..."

  • av Leonid Andreïev
    184,-

    Le gouverneur est un récit fidèle sur la partie odieuse du pouvoir. Par peur et par incompréhension un gouverneur fait fusiller son peuple affamé qui est en grève... Il se sent coupable de cette action infâme et passe son temps à penser à cet abominable crime en attendant sa propre mort...Ce roman est très bien écrit, court, se lit vite, Il est aéré avec une écriture légère. Fortement recommandé pour ceux qui veulent voir la solitude du pouvoir de plus près...

  • av Thérèse Bentzon
    172,-

    " ...Il faut dire que l'égalité des sexes est reconnue par la loi au pays de l'absolutisme beaucoup plus qu'on ne le croit généralement, de grandes impératrices l'ayant gouverné d'une main ferme, et la femme de toute classe y possédant des privilèges inconnus chez nous, par exemple la libre disposition de ses biens qu'elle peut administrer à sa guise et sans contrôle. Le mariage en Russie est une institution purement religieuse, un sacrement qui impose aux deux époux les mêmes devoirs et les mêmes responsabilités. Il n'est inscrit que sur le registre paroissial ; de l'église seule dépend sa consommation et au besoin sa dissolution. Mais en ce dernier cas le règlement des questions pécuniaires incombe bien entendu aux tribunaux qui les tranchent immanquablement d'une façon avantageuse pour la femme. Et dans le ménage le mieux uni, elle reste parfaitement libre d'allier ou non ses intérêts à ceux de son mari. Bien entendu il n'en fut pas toujours ainsi..."

  • av Thérèse Bentzon
    172,-

    " Un voyage d'exploration à travers des utopies devenues réalités, il y a là de quoi tenter notre curiosité. Ce que vient de publier M. Charles Nordhoff n'est point en effet une fiction littéraire à la façon du Voyage en Icarie de Cabet : c'est le résultat d'une tournée consciencieuse, entreprise à travers les établissements communistes de l'Amérique, et les renseignements du voyageur sont précis comme une statistique. Parti de l'état du Maine, au nord, il est descendu vers le sud jusqu'au Kentucky et s'est enfoncé à l'ouest dans l'Oregon, en séjournant assez longtemps chez les inspirationistes, les harmonistes, les séparatistes, les perfectionnistes, les trembleurs, etc., pour pouvoir se rendre compte de l'organisation de chaque société, des causes principales de sa prospérité ou de sa décadence..."

  • av Leonid Andreïev
    172,-

    Un marchand est admis dans un hôpital universitaire, où il devient un objet d'étude pour les médecins et un membre de cette petite communauté formée de plusieurs malades (y compris un étudiant et un vieux diacre). Il sait que, comme la plupart des malades, il ne sortira pas de cet hôpital, et c'est dans cette ambiance que l'on suit, pour les quelques semaines qui lui restent à vivre, les relations sociales qui se créent dans ce microcosme mais aussi l'idée de la mort qui fait son chemin...

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