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  • av Hector Malot
    279,-

    Georges Saffarel, un jeune avocat ambitieux et sans scrupule, rejette l'amour de sa cousine, Charlotte de la Héraudière, fille d'un savant avec qui il a été en partie élevé car il estime qu'elle est incapable de devenir femme de ministre. Il lui fait rencontrer un camarade d'université, Emmanuel Narbanton, qui aime les sciences, ce qui plaît à son oncle qui étudie les cairns dans sa propriété bretonne...

  • av Friedrich von Schiller
    199,-

    Le narrateur raconte comment son ancien ami, prince allemand, protestant austère, a été progressivement amené à côtoyer à Venise, où il séjournait temporairement, une société dépravée. Sa faiblesse de caractère et sa crédulité ont été exploitées et manipulées par des subterfuges et des tentations variés, écartant les amis fidèles qui auraient pu gêner les machinations. Le livre raconte cette emprise, savamment dosée, pour parvenir à des buts qui ne seront dévoilés qu'à la fin de l'histoire...

  • av Eugène Dabit
    267,-

    De 1928 à 1936, Eugène Dabit écrit son journal, en parallèle avec l'écriture de ses romans. Peu enthousiaste au début, ses phrases sont courtes et peu significatives, mais peu à peu, se prenant au jeu, il y livre ses pensées intimes et rédige même de longues tirades philosophiques et des récits qui seront les prémisses de ses romans...

  • av Maurice Magre
    149,-

    ... Car cette grosse dame jouit d'un pouvoir terrible et discrétionnaire. Elle peut te faire crédit des vingt francs que tu lui donnes tous les quinze jours pour la chambre où tu vis; elle peut au contraire empoisonner ton existence en te les réclamant âprement, elle peut t'obliger à t'enfuir de chez toi, le matin, avant qu'elle ne soit levée, pour ne rentrer que dans la nuit, quand elle dort...

  • av Eugène Dabit
    187,-

    Des fenêtres de l'Hôtel du Nord on voit le canal Saint-Martin, l'écluse où attendent les péniches, des usines et des fabriques, des maisons de rapport. Des camions montent vers le bassin de La Villette, descendent vers le Faubourg-du-Temple. Non loin, il y a la gare de l'Est, la gare du Nord. Le soir, on entend le bruit monotone de l'eau qui tombe d'une écluse. On traverse une région morne: eaux dormantes, quais déserts, où Léon-Paul Fargue et Jules Romains portèrent leurs pas.L'Hôtel du Nord s'élève près de la rue de la Grange-aux-Belles. C'est une vieille bâtisse faite de carreaux de plâtre et de mauvaises charpentes, où vivent des camionneurs, des mariniers, des maçons, des charpentiers, des employés, de jeunes ouvrières. Une soixantaine de personnes qui quittent l'hôtel le matin, vers sept heures, et n'y rentrent que le soir pour dormir. Ils occupent des chambres ternes et exiguës, froides l'hiver, étouffantes l'été; les couloirs sont humides, l'escalier raide...

  • av Alfred de Musset
    187,-

    Gamiani ou Deux nuits d'excès est un roman d'Alfred de Musset édité pour la première fois en 1833. Ce roman est l'ouvrage licencieux le plus lu et le plus réimprimé de tout le XIXe siècle. Le roman raconte deux nuits de la vie de la comtesse Gamiani marquées par ses ébats avec Fanny et Alcide.

  • av Renée Dunan
    174,-

    ... Le balai, jeté dans les jambes de l'enfant furieuse et riante, la fit trébucher fâcheusement. Elle ricocha sur le fauteuil avachi qui bordait la fenêtre, là où il est si doux d'épier les passants. Le fauteuil la renvoya sur le lit, car la pièce était étroite, se trouvant au septième d'une maison pauvre, en Ménilmontant. La mère de Zine put alors empoigner sa fille à plein corps et lui tenir la tête basse, puis, gaillardement elle releva la petite jupe effilochée et administra une solide fessée à la gaillarde braillante qui se tordait comme un ver...

  •  
    199,-

    Car Raoule avait défait son gilet de soie blanche, et, pour mieux sentir les battements du coeur de Jacques, elle avait appuyé l'un de ses seins nus sur sa peau; un sein rond, taillé en coupe avec son bouton de fleur fermé qui ne devait jamais s'épanouir dans la jouissance sublime de l'allaitement. Jacques avait été réveillé par une révolte brutale de toute sa passion. Il repoussa Raoule, le poing crispé - Non ! non ! n'ôte pas cet habit, hurla-t-il, au paroxysme de la folie...

  • av Alfred Jarry
    174,-

    ... Hélas, les pensées ! Les rimes sont là, mais les pensées, les pensées ! Je m'assieds là, je bois du café, je mâche des plumes, j'écris, je biffe, et je ne peux trouver aucune pensée, aucune pensée! Même les oasis de la masturbation sont désertes pour moi ! Ha, comment saisir cela ? Halte, halte! quelle idée me vient ? Somptueux, divin ! C'est précisément sur cette pensée, que je ne puis trouver de pensées, que je vais faire un sonnet, et vraisemblablement cette pensée sur le manque de pensée est la plus géniale pensée qui pouvait s'offrir à moi. Je vais incontinent sur ce sujet: que je ne puis composer, composer un poème. Que piquant, qu'original ! (Il court devant la glace d'honneur). J'ai bien l'air génial ! (Il s'assied à une table). Maintenant je commence !..

  • av Juliette Lamber
    174,-

    Les désirs de Pé-Kang sont infinis comme l'horizon dans lequel plonge son vague regard, ses pensées nombreuses ainsi que les grains de sable du lit des fleuves. Voudrait-il voir descendre d'un palanquin de noces dans son palais solitaire quelque vierge aux cheveux d'ébène, aux pieds semblables à ceux des tortues dont l'écaille prédit l'avenir ? Non. L'amour n'a pas encore touché de son aile le coeur de Pé-Kang. Les honneurs attachés aux charges de la cour le séduiraient-ils? Pé-Kang est trop jeune pour être ambitieux...

  • av Juliette Lamber
    199,-

    ... Hélène s'était vue devenir très-belle de corps. Sa peau fine, tendue par un embonpoint élégant, lui donnait une envie folle de s'admirer, et elle rêva plus d'une fois de la salle de bain dans la maison grecque où sa mère la baignait enfant. Lorsqu'elle contemplait ses bras nus, ses belles mains potelées, lorsque sa poitrine lui apparaissait avec des seins gonflés, lorsqu'elle marchait la taille souple et molle dans ses hanches arrondies, le souvenir des belles statues de son père ne la faisait plus pleurer de jalousie et de désespoir...

  • av Maurice Magre
    174,-

    ... Aphrodite agitait la rose qu'elle tenait comme un appel d'amour, elle tendait ses seins parfaits, puis s'inclinait et se renversait, et le Bouddha de jade demeurait immobile avec ses mains croisées sur son ventre énorme.Et l'Aphrodite disait: C'est moi qui mène le monde en agitant ma rose. Le plaisir que je donne est le fond et la raison d'être de toute chose. Les morales changent selon les temps et les peuples, les religions naissent et meurent, la vie de l'au-delà avec ses récompenses est une hypothèse incertaine, mais moi je ne change pas, je suis, depuis le commencement du monde, la seule certitude de bonheur...

  • av Albert Réville
    187,-

    " ...On sait que le canon du Nouveau Testament, tel qu'il est en vigueur dans les églises chrétiennes, se compose de vingt-sept livres fort inégaux d'étendue et d'importance. Ce sont d'abord cinq livres historiques, soit les quatre Évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean, et les Actes des apôtres. C'est ensuite une collection épistolaire qui compte vingt et une lettres, lesquelles se partagent en deux groupes fort distincts: - d'une part, une série de quatorze épîtres attribuées à Paul; - de l'autre, sept épîtres dites catholiques, dont une de Jacques, deux de Pierre, trois de Jean et une de Jude. Un livre prophétique, l'Apocalypse, clôt le canon. Il est bien entendu que l'on constate simplement ici l'état officiel des choses sans entrer dans aucune discussion sur la valeur positive des titres et des origines que la tradition généralement reçue assigne à chacun de ces livres..."

  • av Philarete Chasles
    174,-

    "... Rien par exemple ne trahit plus vivement le fond du caractère américain et l'état social de l'Union que l'aspect singulier sous lequel nos contrées européennes se présentent à ses voyageurs, et la manière dont ils nous jugent. Ils ont d'incroyables admirations et des colères peu raisonnables. Ils tombent à genoux devant un vaudeville, mais ne donnent pas la moindre attention à nos grands évènements ou à nos hommes de premier ordre. Les membres, même les plus distingués par l'intelligence, de cette société qui n'a pas encore rejeté ses langes, ne comprennent absolument rien à ce vieux phénix société de notre monde, qui, depuis 1789, s'agite sur son bûcher, espérant renaître un jour. Willis, en Angleterre, se préoccupe de la façon dont on mange ; Fenimore Cooper, en France, de celle dont on donne le bras à une dame. Cet enfantillage excessif provoque le sourire ; on croit voir une petite fille qui joue, sans les comprendre, avec les bijoux, la botte à mouches et les mystères de l'aïeule..."

  • av Philarete Chasles
    174,-

    " On dirait que les voyageuses anglaises se sont partagé le monde. Devant moi, cinquante-deux volumes éclos de la plume de vingt-sept dames, -demoiselles, spinsters, ladies, governesses, marquises, comtesses, duchesses, femmes de marchands, de capitaines ou de pairs du Royaume-Uni, femmes à la mode, femmes de juges habitant les jungles de l'Hindoustan, ou de colons de la Nouvelle-Galles du Sud, filles de ces héroïques aventuriers qui vont abattre les chênes séculaires sur les bords du Mississipi et fonder quelque ville inconnue du côté du Texas, - prouvent bien que le globe appartient aux femmes anglaises. Depuis un siècle et demi, des cargaisons de demoiselles à marier sont annuellement expédiées de Londres à Calcutta, et vont embellir la lugubre opulence des nababs. Quelques-unes partent en riant pour l'Australasie ou la tierra caliente de l'Amérique méridionale. Il y en a qui vont se perdre, armées d'un crayon et d'un album, à l'ombre des pyramides et dans les chambres souterraines construites par Chéops et Psammetichus ; d'autres qui vont causer avec Méhémet-Ali, et lui demander un brin de sa barbe pour le placer dans leur repository ; d'autres qui, moins aventureuses, endossent l'amazone de drap bleu, sautent lestement sur Fanny, la jument noire, et chevauchent, accompagnées de l'éternel album, de Paris à Florence et de Florence à Marseille, à travers Chambéry, le Simplon, le Languedoc et la Provence..."

  • av Philarete Chasles
    174,-

    " Le 12 juin 1624, un cavalier fort maigre entrait dans la ville de Naples. Autour de lui bondissaient des lazzaroni noirs et haletants qui semaient les roses de Paestum sous les pas de son coursier. Accompagné par des gentilshommes à pied qui, le chapeau à la main, le front nu sous l'ardent soleil, encourageaient l'ivresse populaire, il s'arrêtait fréquemment sous les balcons, d'où tombaient sur sa face ridée une pluie de fleurs, mille bénédictions confuses et mille éclairs enthousiastes lancés par des regards espagnols et napolitains. Quel triomphateur fut jamais ridicule ? Celui-ci avait près de six pieds de haut, la mine longue et hâve, le cheveu rare et ébouriffé, l'¿il distrait et égaré, le menton pointu, le nez petit, le teint plombé, la taille excessivement déliée, et les jambes d'une forme et d'une dimension très menues. Ce long cavalier, vêtu d'habits magnifiques assez mal ajustés, et qui portait une grande chaîne d'or pendue à son cou, saluait à droite et à gauche d'un air content et distrait, pendant que les baise-mains lui arrivaient de toutes parts, du fond des carrosses, du porche des églises et du sommet des terrasses..."

  • av Philarete Chasles
    174,-

    " Sir Samuel Romilly, William Wilberforce, lord Dudley, - l'Angleterre de ces derniers temps a produit des caractères plus forts et plus grands, - nuls qui soient plus aimables.C'étaient, comme le dit excellemment le poète ancien, des âmes blanches (non animi candidiores) dont l'essor traversa l'orage et la foudre. Elles sortirent du nuage les ailes brûlées. Ce furent trois victimes. L'homme de loi donna sa vie, l'homme de lettres sa raison, l'homme de piété ne donna que sa fortune. Romilly mourut de sa propre main, Wilberforce mourut pauvre, et Dudley mourut fou.L'étude de ces trois personnages contemporains offre non-seulement un intérêt doux et vif, mais une leçon puissante. Ce ne sont pas des meneurs d'hommes ; ils n'ont ni les qualités ni les vices de ce métier nécessaire. Ils ne mettent pas la main sur les grandes roues de la politique ; mais le feu et la fumée les environnent et quelquefois les souillent, l'engrenage les emporte et les anéantit. Au milieu d'une civilisation aussi brûlante et aussi active que le fut celle de l'Angleterre entre les années 1780 et 1815, il faut voir ces délicates vertus et ces intelligences exquises jouer leur rôle, prendre leur place et marquer leur passage..."

  • av Philarete Chasles
    174,-

    " Le 16 novembre 1726, trois voitures de deuil quittaient la forteresse d'Ahlden, château féodal des ducs de Brunswick. Un écusson voilé d'un crêpe s'abaissait au-dessus de la porte ; le pont-levis retentissait sous le poids du catafalque, et le même blason, composé des armoiries écartelées de la maison d'Olbreuse en Poitou et de la maison princière de Brunswick-Lünebourg, se répétait sur le cercueil et sur les carrosses. Il était difficile de comprendre la solennité de ces funérailles en ce lieu pauvre et isolé. Dans la première voiture, il y avait une femme qui pleurait ; dans la seconde et la troisième, on apercevait quelques figures de cérémonie, physionomies plates de baillis, de surintendants et de dames d'honneur germaniques. Les eaux demi-glacées de l'Aller, éclairées d'un soleil gris et terne, la rue tortueuse du petit village d'Ahlden avec ses cailloux inégaux, la pauvre population étiolée de tisserands chétifs qui apparaissaient sur les portes, le bonnet à la main, pour saluer le cadavre, composaient une scène triste et complète, à laquelle il ne manquait rien, pas même les larmes de ces bonnes gens du village et les pas mesurés des quarante trabans au costume hongrois, montés sur de lourds chevaux. Six cents personnes environ, hommes, femmes et enfants, suivirent humblement le cercueil de leur bienfaitrice, qui allait dormir, après une vie de douleur, dans un caveau de princes..."

  • av Philarete Chasles
    174,-

    " De nouveaux mémoires d'Horace Walpole, publiés à Londres, doivent fixer l'attention, surtout si on les rapproche de quelques publications récentes qui ont trait à la même époque et qui renferment de curieux documents.La vie d'Horace Walpole, vie oisive, que tout le monde connaît, ne mérite guère d'être rappelée. Il naquit en 1712, du mariage contracté entre un gentilhomme campagnard, membre du parlement, et la petite-fille d'un lord-maire nommé Shorter ; élevé à Éton pendant que son père montait péniblement les degrés de la vie politique, il fit son tour d'Europe comme tout bon gentilhomme anglais, et revint assister comme spectateur ironique et attentif, sans vouloir jamais s'y mêler activement, au drame de la chambre des communes. Cette attitude d'observation dura jusqu'à sa mort, survenue en 1787, et lui obit une existence calme et détestée. Personne n'a été plus décrié de son vivant, plus vivement attaqué par ses ennemis, plus mal défendu par ses amis : on ne pouvait souffrir son impertinence froide et son ricanement perpétuel..."

  • av Philarete Chasles
    174,-

    " On a beaucoup écrit sur les origines de l'imprimerie. Sans discuter les opinions de mes devanciers, sans me mêler à la controverse soutenue par plus de cent érudits respectables, souvent spirituels, trop ingénieux quelquefois, et tous d'un avis différent, je m'en tiendrai, avec une modeste simplicité, aux vieux documents que Sch¿pflin l'Alsacien publia en 1760, et qui contiennent les procès-verbaux relatifs à la vie de Gutenberg. C'est le dossier des litiges judiciaires soutenus, entre 1441 et 1470, par le gentilhomme mayençais Jean Chaird'oie de Bonnemontagne ; tel est le nom bizarre qu'il portait : Hans Gensfleisch von Gutenberg. Ce dossier authentique, ce vieux dialecte allemand mêlé de patois d'Alsace, ces dépositions de témoins obscurs, ces bavardages de servantes, ces causeries de bourgeois surannés, rumeurs de faubourg et de place publique, sentences de bourgmestres, réclamations de fournisseurs, promettent peu de chose ; grâce à eux cependant la clé de l'atelier primitif est retrouvée. On voit les presses, les vis, les formes, les caractères, la petite maison de pierre rosâtre sur les bords du Rhin, la voûte souterraine de l'inventeur ; un excessif amour du paradoxe, pourrait seul se refuser à la conviction que ces antiques parchemins nous apportent..."

  • av Philarete Chasles
    174,-

    " Ce fut un poète, hélas ! et un poète perdu pour l'avenir. Il avait de l'esprit, un esprit ardent et fin; il rimait d'une manière merveilleuse. La langue poétique se pliait et se roulait sous sa plume comme la matière fusible se tord et s'arrondit au souffle du verrier ; il savait beaucoup sur les hommes et les choses. Faire la guerre et l'amour, mener la plus fringante vie d'aventure, amuser la romanesque princesse de Gonzague, plaire à la grande Christine, deviner l'italien et l'espagnol, être un peu Falstaff et un peu don Quichotte ; paraître à la cour, hanter le cabaret, vivre dans un grenier, visiter les quatre parties du monde, et finir par expirer sans feu et sans lumière, sur le grabat de son taudis, rue de Seine, ne laissant après lui que son feutre, son épée, sa bouteille vide et deux volumes mal imprimés, voilà tout Saint-Amant. Qu'en dites-vous ? N'est-ce pas une des bonnes figures de ce temps semi-héroïque dont Gallot est le représentant ?Les Christine, les Marie de Gonzague, les Mlle de Montpensier, conviennent à Saint-Amant. Il les flatte, il les loue, il vit pour elles. Il dédie à Christine son principal ouvrage, une idylle héroïque. Toute la société du coadjuteur et de la fronde roule autour de lui..."

  • av Philarete Chasles
    187,-

    " Les hommes politiques ne voient dans la formation et la consolidation de l'empire anglo-hindou qu'un fait, l'étrange et périlleux accroissement de la puissance britannique. Oui, c'est une conquête digne d'étude. En moins de soixante ans, cette vaste péninsule, dévorée ou escamotée par quelques négociants occidentaux, leur livre ses richesses, mais non ses coutumes. Elle cède à l'énergie saxonne, et paraît garder sa nationalité brahmanique. La passivité de son repos et l'éternité de son indifférence bravent les efforts des missionnaires chrétiens. L'Angleterre exploite le territoire ; mais la vie nationale lui résiste. L'Angleterre domine la matière ; l'âme lui échappe.Telles sont du moins les surfaces et les apparences. Comme à l'ordinaire, elles sont trompeuses. Si l'observateur va plus loin que l'enveloppe, s'il se donne la peine de consulter les voyageurs sans croire à eux, les statisticiens sans les diviniser, et les philosophes sans fermer les yeux, il reconnaîtra que la prétendue immobilité de l'Hindoustan actuel sous la domination anglaise est un voile et un mensonge. Rien n'est immobile. Non-seulement les m¿urs des indigènes changent, mais celles des conquérants changent aussi. À cette double altération parallèle se rapportent les résultats nécessaires qui amèneront un jour et qui annoncent déjà la création future et inévitable d'un nouvel empire, curieux à deviner, empire enveloppé des obscurités de l'avenir, quelque chose d'inconnu et de mystérieux qui ne sera ni l'Angleterre ni l'Inde..."

  • av Philarete Chasles
    174,-

    " J'apporte à cette grande histoire qu'un homme de talent a commencée, l'histoire du tiers-état en France, quelques documents précieux. Voici les délibérations, memoranda, souvenirs de dépenses et notes administratives d'une de nos villes centrales à la fin du moyen-âge ; - débris entassés sans ordre dans de vieux registres et compilés par un ignorant.Les curiosités y abondent avec les puérilités ; il en résulte un tableau complet du mouvement de la cité chartraine entre 1450 et 1580, c'est-à-dire entre Charles VIII et Henri IV. On y verra la virilité des âmes et le bon sens des actes compenser l'insuffisance des théories et la barbarie des m¿urs, des populations ignorantes et asservies jeter d'admirables semences d'avenir ; on y reconnaîtra que les manants de la Gaule centrale ne méritent nullement le mépris de l'histoire..."

  • av Philarete Chasles
    162,-

    " Ce qui me toucherait le plus, si je mettais le pied dans ces grands pays du Gange, de l'Indus et de l'Oxus, ce ne seraient pas les m¿urs curieuses des vieilles monarchies asiatiques, ni le combat qu'elles soutiennent contre l'envahissement occidental, mais une douzaine de tombes européennes éparses sur ces domaines ; il y a là le Français Victor Jacquemont, le bon évêque Héber, le voyageur Moorcroft, son compagnon Trebeck, le lieutenant Vyburg, et vingt autres qui dorment sous les dattiers et les cyprès, derrière quelque pagode en ruines, méprisés des habitants et oubliés des voyageurs qui passent. De temps en temps, on rencontre sur les steppes et dans le creux des vallées un pauvre cippe funéraire ou une élévation de terrain qui annoncent la présence d'un cadavre ; quelque voyageur anglais, français ou russe, Moorcroft, Burnes, Stoddart, sont enterrés là, pionniers de la civilisation, et qui lui ont frayé la route ces contrées. Ces hommes courageux ont préparé, leurs successeurs préparent encore la grande solidarité qui ne manquera pas de lier un jour tous les habitants du globe..."

  • av Philarete Chasles
    174,-

    "... J'ai marqué sur ce berceau des États-Unis les dates importantes : 1633, 1638, 1673 ; l'émigration, la persécution, la législation. Peu d'années après cette dernière date, en 1682, un puritain fervent du Northamptonshire, nommé Josiah Franklin, fatigué de ne pouvoir prier à son aise, suivit le torrent de ses frères, et émigra pour la Nouvelle-Angleterre, emmenant avec lui une jeune femme et trois enfants. C'était une famille pauvre, laborieuse, croyante et habituée à braver le pouvoir. Elle en avait la tradition comme l'orgueil. Sous le règne de Marie Tudor, elle avait professé, dans sa cabane du Northamptonshire, les dogmes de Calvin. La bible calviniste était renfermée dans un vieux tabouret de chêne couvert de velours. Le soir, un des enfants se plaçait en vedette à la porte de la chaumière, pour avertir en cas de péril. Le grand-père posait le tabouret sur ses genoux, soulevait le couvercle, tournait les feuillets et faisait la lecture. La sentinelle annonçait la venue de l'appariteur ecclésiastique, chargé de dénoncer ces grands délits ; on refermait le couvercle, le tabouret retombait à sa place naturelle, chacun reprenait son travail, et l'appariteur ne voyait rien. Josiah Franklin, l'un des dignes et humbles fils de cette vieille race opposante, alla donc à Boston, s'établir comme fabricant de savon et de chandelles. Il eut dix-sept enfants ; le quinzième de ces enfants naquit en 1706, fit beaucoup de bruit dans le monde, et fut Benjamin Franklin..."

  • av Philarete Chasles
    174,-

    " Il se fait aujourd'hui, en Angleterre, un mouvement vers l'art dramatique. Le théâtre essaie de secouer son linceul et de retrouver sa vie perdue. L'excellent acteur Macready, homme d'esprit et de goût, s'est placé, avec Lytton Bulwer, à la tête de cette réforme. Les impuretés des foyers et des coulisses se sont corrigées sous leur influence combinée, et plusieurs drames diversement remarquables, qui ont paru sur la scène ou chez les libraires, ont conquis ou mérité leur succès.Déjà, depuis le commencement du siècle, quelques efforts tentés vers le même but avaient éveillé l'attention : retour au drame naïf du XVIe siècle ; essai d'observation et d'analyse métaphysique ; imitation du drame grec dans sa simplicité passionnée. Byron et Talfourd ont produit de fort beaux ouvrages dans ce dernier genre. Le calque de la vieille école anglaise n'a inspiré qu'une ou deux ébauches assez puissantes à Milman et à Lamb. Coleridge et l'Écossaise Joanna Baillie ont tout-à-fait échoué dans leur prétention de substituer l'analyse des idées au mouvement des caractères..."

  • av Roger Dombre
    199,-

    "...Nounou qui était robuste et qui avait sans doute porté souvent l'enfant de cette manière, se mit en marche aussitôt pour traverser la forêt, allant doucement, car la petite blessée ne se soutenait qu'avec peine ; la brave bête s'arrêta un instant près du ruisseau et la pauvrette put y étancher sa soif ardente.Après trois quarts d'heure de marche, environ, on put apercevoir le toit rustique d'une cabane semblable à celle de Favier ; lorsqu'elle y fut arrivée, la louve gratta à la porte qui s'ouvrit aussitôt.Il était temps car la petite fille ne pouvait plus se tenir, même couchée sur le dos de la bête, et sa tête vacillait de gauche à droite et de droite à gauche comme si elle eût été près de défaillir de nouveau..."

  • av Philarete Chasles
    187,-

    "... Élevé à cette école, il adora le succès, et apprit à l'enlever violemment plutôt qu'à le mériter. Souvent il joignit le charlatanisme à la gloire. Ce qui était saillie légère et caprice facétieux chez nos braves enfants du Midi, devint un grave calcul chez le fils des Saxons. Ces vives et pétulantes boutades qui étincèlent dans la causerie, qui donnent tant de relief à la guerre et à l'amour, et qui, dans la mêlée sanglante, apparaissent comme les lueurs des glaives qui se heurtent, ont besoin, pour être aimées ou pardonnées, d'une légèreté presque enfantine et d'une grâce insouciante. Raleigh prit au sérieux l'humeur gasconne ; il en fit le poème épique de sa vie. Dans les grandes entreprises, dans les sombres conjurations, dans les longues traversées et les colonisations périlleuses, il fut Mascarille ou Scapin. Bariolant de traits sublimes ce charlatanisme gigantesque, nul homme (quoi qu'en ait dit la Revue d'Édimbourg) n'a mieux menti, n'a plus souvent, n'a plus témérairement menti..."

  • av Philarete Chasles
    174,-

    "... En 1788, sur le rivage d'Hastings, il y avait un bateau amarré et une petite fille de huit ans aux cheveux blonds, à l'¿il gris et vif, à la peau si transparente, que les veines y dessinaient tous leurs rameaux bleus. Elle regardait de tous côtés si on ne l'observait pas ; puis, après un examen inquiet et attentif, s'emparant de la rame et s'asseyant dans le bateau, elle détacha l'anneau, poussa au large de ses petites mains, et se trouva en mer. Cette petite fille qui avait vu chez son père le comte d'Adhémar et ses magnifiques laquais aux galons d'or, et qui voulait absolument aller en France pour observer ce qui s'y passait, c'était lady Esther Stanhope..."

  • av Philarete Chasles
    174,-

    "... Ce fut pour Whitehall une époque d'imitation française, ou plutôt de recherche burlesque et de prétentieuse copie de nos m¿urs. La grâce, qui est l'exquis de la convenance, et qui ne se passe jamais de sobriété, échappait à ces rudes imitateurs des Lauzun et des La Feuillade. Quant au peuple, qui se tenait à l'écart, il se renfermait dans sa haine et dans sa Bible. Une anecdote contemporaine m'a toujours profondément frappé ; elle met en regard l'élément factice qui doit disparaître et l'élément vital qui doit régner un jour dans la société anglaise. Charles II en bonne fortune, à son ordinaire, se promenait sur les dunes de Brighton, par une belle matinée d'été, en compagnie de cette jeune et jolie marchande d'oranges, Nelly Gwynn, la seule de ses sultanes qui l'ait sincèrement aimé. Au détour d'un sentier, dans le creux d'un vallon formé par les sables mobiles, était couché un jeune enfant du peuple, berger de quinze ans, bronzé par le soleil, à peine vêtu, et qui lisait attentivement une vieille Bible in-folio ; levant les yeux vers le roi et vers sa suite, il les reporta aussitôt sur le volume et continua de lire..."

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