Om ASCANIO
C¿était le 10 juillet de l¿an de grâce 1540, à quatre heures de relevée, à Paris, dans l¿enceinte de l¿Université, à l¿entrée de l¿église des Grands-Augustins, près du bénitier, auprès de la porte. Un grand et beau jeune homme au teint brun, aux longs cheveux et aux grands yeux noirs, vêtu avec une simplicité pleine d¿élégance, et portant pour toute arme un petit poignard au manche merveilleusement ciselé, était là debout, et, par pieuse humilité sans doute, n¿avait pas bougé de cette place pendant tout le temps qüavaient duré les vêpres ; le front courbé et dans l¿attitude d¿une dévote contemplation, il murmurait tout bas je ne sais quelles paroles, ses prières assurément, car il parlait si bas qüil n¿y avait que lui et Dieu qui pouvaient savoir ce qüil disait ; mais cependant, comme l¿office tirait à sa fin, il releva la tête, et ses plus proches voisins purent entendre ces mots prononcés à demi-voix : ¿ Que ces moines français psalmodient abominablement ! ne pourraient-ils mieux chanter devant Elle, qui doit être habituée à entendre chanter les anges ? Ah ! ce n¿est point malheureux ! voici les vêpres achevées. Mon Dieu ! mon Dieu ! faites qüaujourd¿hui je sois plus heureux que dimanche dernier, et qüelle lève au moins les yeux sur moi !
Vis mer