Om Eschyle
" ...Après Homère, c'est Eschyle qu'il faut interroger sur l'esprit de la Grèce. Moins simple et moins vaste, plus moderne et plus intense, il s'appuie, avec une attitude plus prononcée et un regard plus austère, sur la même pensée fondamentale. L'étude que nous en essayons n'étant point purement littéraire, nous renoncerons, quoique à regret, à nous arrêter sur la considération du style, sur la puissance expressive d'Eschyle, et cependant, chez lui surtout, le langage est l'explosion de la pensée ; on dirait que son émotion comprimée brise la langue d'Homère pour en réunir les débris en mots nouveaux compliqués connue des symboles, et dont l'image multiple se présente comme un groupe de marbre. Sculpture, peinture, musique, mouvement, le relief, la ligne, le rythme, je dirais presque la danse sacrée de sa parole, rendent admirablement, par toutes les ressources de l'expression humaine, la nature et la vie particulière de ses ouvrages. D'une simplicité élémentaire dans la composition du drame, il le remplit quelquefois presque tout entier de lamentations lyriques, longues, obscures, monotones, - et telle est néanmoins la vibration magique qui tremble sur toutes ces cordes, qu'on se sent ému en même temps qu'étourdi, parce que sous le mot rude ou éclatant, sous la vétusté du mythe, sous l'image qui rayonne en passant, il y a toujours ou une prière, ou une indignation, ou une pitié..."
Vis mer