Om Le rebelle
Le 23 octobre 1837, le village de Saint-Charles, habituellement si paisible, offrait un aspect tumultueux et solennel que nul, de mémoire d¿homme, ne lui avait vu. De tous côtés se présentait un encombrement de voitures dételées, de chevaux parqués autour des granges, au milieu d¿une affluence prodigieuse de gens du pays. Toutes les maisons du village étaient ornées de branches d¿érable et pavoisées d¿emblèmes aux couleurs variées. On allait, on venait avec peine ; on s¿abordait dans les rues d¿un air d¿empressement inusité. Les femmes se montraient parées comme dans les grandes occasions, et les enfants couraient bruyamment, comme toujours, au milieu des groupes causeurs et des bandes de promeneurs dont la foule accrue arrêtait fréquemment la marche. De moments en moments, des hurrah lointains, des musiques qüon s¿efforçait de rendre guerrières, annonçaient les survenants, et bientôt en effet, dans cette mer mouvante, venait affluer quelque nouvelle association dont le drapeau seul flottait encore au-dessus du niveau des têtes humaines, comme ces grandes idées, phares brillants qui dominent les âges quand les générations s¿éteignent et se succèdent. Ce n¿était partout qüagitation bruyante où se confondaient étrangement les chants et les rires, les hennissements et les imprécations.
Vis mer