Om L'ENFANT
Ai-je été nourri par ma mère ? Est-ce une paysanne qui m¿a donné son lait ? Je n¿en sais rien. Quel que soit le sein que j¿ai mordu, je ne me rappelle pas une caresse du temps où j¿étais tout petit ; je n¿ai pas été dorloté, tapoté, baisoté ; j¿ai été beaucoup fouetté.
Ma mère dit qüil ne faut pas gâter les enfants, et elle me fouette tous les matins ; quand elle n¿a pas le temps le matin, c¿est pour midi, rarement plus tard que quatre heures.
Mademoiselle Balandreau m¿y met du suif.
C¿est une bonne vieille fille de cinquante ans. Elle demeure au- dessous de nous. D¿abord elle était contente : comme elle n¿a pas d¿horloge, ça lui donnait l¿heure. « Vlin ! Vlan ! Zon ! Zon ! ¿ voilà le petit Chose qüon fouette ; il est temps de faire mon café au lait. »
Mais un jour que j¿avais levé mon pan, parce que ça me cuisait trop, et que je prenais l¿air entre deux portes, elle m¿a vu ; mon derrière lui a fait pitié.
Elle voulait d¿abord le montrer à tout le monde, ameuter les voisins autour ; mais elle a pensé que ce n¿était pas le moyen de le sauver, et elle a inventé autre chose.
Lorsqüelle entend ma mère me dire : « Jacques, je vais te fouetter !
Vis mer