Om LES ERRANTS DE NUIT
Ce sont des paysages magnifiques et variés à l¿infini : de grandes forêts, des rivières, des montagnes. Cela s¿appelle les Ardennes ; c¿est plein de souvenirs. Et nul ne saurait dire pourquoi la poésie s¿est retirée de ces admirables campagnes.
Est-ce l¿odeur des moulins à foulons, ou la fumée noire des cheminées de la fabrique ? Cette charmante rivière, la Meuse, coule tout doucement et sans jamais faire de folies parmi les belles prairies un peu fades. On voit bien déjà qüelle est prédestinée à baigner les fanges grasses de la pacifique Hollande.
Ce n¿est pas la Loire, celle-là, riante aussi, mais si fière ! Ce n¿est pas le Rhône, ce dieu fougueux ! Ce n¿est pas la Seine, l¿élé- gante, la française, qui baigne tant de palais et tant de cathédrales !
C¿est bien la France encore, mais une France à part. La poésie n¿est pas là comme en d¿autres campagnes de notre pays, moins pittoresques, assurément, ni comme en d¿autres villes moins riches. Le caractère manque ici parce que la ville a envahi la campagne, et la campagne la ville par la porte de la fabrique. Autant le paysan était beau sous son brave costume et même sous la blouse de travail, autant il est, gauche et lourd sous la farauderie de sa terrible redingote mal faite.
Vis mer