Om Sophocle
" ...Mais c'est dans Sophocle qu'il nous faut chercher la plus haute expression du drame grec : Eschyle, pénétrant dans les arcanes du sanctuaire, y avait saisi la pensée religieuse, et l'avait traînée au grand jour de la vie profane, où la liberté philosophique et artistique s'en emparait. C'était, aussi bien que dans Sophocle, l'esprit d'Homère, esprit novateur, rival du sacerdoce, auquel il retirait l'autorité d'interprétation pour la livrer à tout le monde. Cependant l'¿uvre d'Eschyle ne fut qu'un sublime essai ; ses pièces, extrêmement simples, ne sont en réalité que des épisodes, comme on les appelait, intercalés dans les ch¿urs ; en outre, le merveilleux occupe encore une grande place ; des scènes aussi fantastiques que celles du Prométhée et des Euménides annoncent que le mythe exerce encore une grande influence. Sophocle apparaît, et, comme Neptune, en trois pas il franchit une immensité. Chez lui, le merveilleux, le gigantesque, ne se montrent presque plus sur la scène ; quand des personnages divins s'y présentent accessoirement, comme dans Ajax et dans Philoctète, ils sont rapprochés de l'humanité ; les dieux de Sophocle sont aux dieux d'Eschyle ce que les dieux de Phidias sont aux statues de l'école d'Égine..."
Vis mer