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"...Mais que parlons-nous d'aujourd'hui ? Ce moment est déjà loin de nous ; cette poussière est tombée. Une autre question s'est posée d'elle-même : pourquoi, tandis que l'Angleterre, avec sa constitution informe et vigoureuse, semble braver toutes les secousses, sommes-nous en France impuissants à soutenir nos institutions, si bien conçues en apparence, si rationnelles et si symétriques ? Aussitôt on se met à discuter l'aptitude des Français aux libertés politiques. Sur ce sujet, des traits cuisants pour l'amour-propre national nous sont encore tous les jours décochés à plaisir de l'autre côté de toutes nos frontières. Parmi nous, le fâcheux problème s'agite dans la presse, dans les livres, dans la chaire même, et la plupart le résolvent contre nous, les uns avec joie et ironie, comme un beau résultat, les autres avec l'amertume du regret. À peine posée toutefois, cette question, comme les autres, remonte dans l'histoire et y cherche son explication. Est-il donc vrai que nous soyons tout à fait incapables du plus noble privilège de la nature humaine, de celui qui fait son excellence, de celui qui, dans l'ordre politique, correspond au libre arbitre dans l'ordre moral ? Qui nous a infligé cette déchéance ? Faut-il en vouloir à l'esprit niveleur et centralisateur de la monarchie, qui, dès avant 1789, avait étouffé tous les germes des libertés anciennes avec les usages et les habitudes qui en faisaient la vie ? Faut-il s'en prendre à l'esprit exclusif de la noblesse et aux vues étroites du tiers-état, qui n'ont point su s'associer contre les envahissements de l'administration royale et se fondre dans un même intérêt ?..."
" Lorsqu'à trente ans de distance on parcourt les écrits qui ont fait la renommée de Lamennais, on ne se trouve point toujours dans le passé. Et d'abord, à n'en regarder que la partie politique, il est clair qu'elle renferme tous les éléments de la révolution profonde qui travaille aujourd'hui Rome. Chose singulière, dans les évolutions successives de sa seule pensée, Lamennais a tour à tour formulé et personnifié la signification des trois partis qui se disputent sous nos yeux l'état pontifical, ce sanctuaire déjà rétréci et encore menacé du monde catholique. Dans sa première période, il était le théoricien de ce qu'on pourra désormais appeler l'ancien régime romain. Un pouvoir spirituel absolu tenant sous sa main les princes absolus comme ses ministres pour le bien, dirigeant de haut la politique dans l'intérêt de la religion, réprimant l'hérésie par le concours de la loi civile, et constituant ainsi, par le dogme appuyé sur la force, l'unité des esprits dans les états chrétiens, tel était l'idéal du moyen âge, que l'auteur de l'Essai sur l'Indifférence se proposait alors de perfectionner pour l'avenir, et c'est bien là l'esprit du régime qui succombe en ce moment. - Dans sa seconde période, désabusé des rois et de l'efficacité de la force,..."
" ...D'où a pu venir aux Américains cette confiance extrême en une vocation particulière, cette conviction, si bizarre en présence de leurs faits actuels, qu'ils sont comme un peuple choisi par la Providence pour régénérer les nations ? Elle est provenue d'un faux enseignement historique, longtemps seul répandu parmi eux. Ils s'étaient habitués à considérer leur république comme une création de l'intelligence, comme l'expression d'une théorie de liberté rationnelle et d'égalité morale conçue et réalisée par leurs ancêtres. On comprend en effet que, lorsqu'une nation se fonde dans une fermentation à la fois politique et religieuse, comme ce fut le cas des colonies américaines, formées par l'alliance du calvinisme avec l'élément communal et républicain de l'Angleterre, les deux causes s'unissent et s'entrelacent avec force par leur besoin mutuel et leur danger commun. L'état alors se formule volontiers, au milieu de ses premières épreuves, comme l'expression terrestre de l'église invisible. Plus tard, les orateurs, les prédicateurs et les panégyristes, parlant à la foule aux jours de fêtes et aux anniversaires nationaux, donnent, par un pur besoin oratoire, aux hommes du vieux temps des proportions surhumaines, et à leurs institutions les plus nécessaires et les plus naturelles des raisons idéales..."
" ...Mais c'est dans Sophocle qu'il nous faut chercher la plus haute expression du drame grec : Eschyle, pénétrant dans les arcanes du sanctuaire, y avait saisi la pensée religieuse, et l'avait traînée au grand jour de la vie profane, où la liberté philosophique et artistique s'en emparait. C'était, aussi bien que dans Sophocle, l'esprit d'Homère, esprit novateur, rival du sacerdoce, auquel il retirait l'autorité d'interprétation pour la livrer à tout le monde. Cependant l'¿uvre d'Eschyle ne fut qu'un sublime essai ; ses pièces, extrêmement simples, ne sont en réalité que des épisodes, comme on les appelait, intercalés dans les ch¿urs ; en outre, le merveilleux occupe encore une grande place ; des scènes aussi fantastiques que celles du Prométhée et des Euménides annoncent que le mythe exerce encore une grande influence. Sophocle apparaît, et, comme Neptune, en trois pas il franchit une immensité. Chez lui, le merveilleux, le gigantesque, ne se montrent presque plus sur la scène ; quand des personnages divins s'y présentent accessoirement, comme dans Ajax et dans Philoctète, ils sont rapprochés de l'humanité ; les dieux de Sophocle sont aux dieux d'Eschyle ce que les dieux de Phidias sont aux statues de l'école d'Égine..."
" Qu'Aristophane ait été de son temps une puissance, c'est ce qu'on devrait présumer à le lire, lors même que ses contemporains ne l'auraient point positivement attesté. Un pamphlétaire dramatique (car la plupart de ses pièces sont des pamphlets de circonstance mis en scène, et ne contiennent qu'en germe ce que nous appelons comédie), un pamphlétaire dramatique qui pouvait impunément, dans une ville tiraillée par des partis, des intrigues et des révolutions, assaillir du haut du théâtre les chefs les plus populaires, déchirer la démocratie régnante, insulter aux dieux au milieu de leurs fêtes, dire toutes sortes de vérités déshonorantes aux passions exaspérées, un tel homme assurément s'imposait plutôt qu'il n'était accepté. Aussi dit-il lui-même, avec un légitime orgueil, qu'il s'est fait une réelle importance par son audace à démasquer tous les mensonges des adulateurs du peuple : c'est pourquoi les Lacédémoniens le haïssent, parce qu'il est de leur intérêt que le peuple athénien continue à se laisser flatter et tromper ; c'est pourquoi le roi de Perse, quand il veut savoir la situation des Grecs, s'informe de leur marine premièrement, et en second lieu de l'effet des comédies d'Aristophane..."
" Y a-t-il une philosophie dans Homère ? Trouve-t-on, dans cette poésie grande et simple, les éléments de la fonction rationaliste que la Grèce exerça dans l'histoire ? Y trouve-t-on l'origine intellectuelle de la lutte de l'Europe progressive contre l'Orient enterré dans ses symboles ; lutte continuée, souvent par les armes, toujours par les idées, à travers la monarchie d'Alexandre, l'empire romain et la chrétienté du moyen-âge, jusqu'au temps présent, qui paraît appelé à la finir par la victoire définitive de la civilisation européenne ? Cette question reste encore à traiter.Il faut d'abord signaler dans Homère les traces d'un fait fondamental, reproduit depuis dans la formation des sociétés modernes, mais qui, au temps où nous nous reportons, était nouveau dans le monde, et détermina la destinée toute spéciale de la nation des Hellènes. Je veux parler de la lutte séculaire entre la cité théocratique et la tribu conquérante, entre une autorité de tradition et de pensée, et une liberté d'instinct, de nature, de force ; en un mot, entre le sacerdoce et l'ordre militaire..."
" ...Après Homère, c'est Eschyle qu'il faut interroger sur l'esprit de la Grèce. Moins simple et moins vaste, plus moderne et plus intense, il s'appuie, avec une attitude plus prononcée et un regard plus austère, sur la même pensée fondamentale. L'étude que nous en essayons n'étant point purement littéraire, nous renoncerons, quoique à regret, à nous arrêter sur la considération du style, sur la puissance expressive d'Eschyle, et cependant, chez lui surtout, le langage est l'explosion de la pensée ; on dirait que son émotion comprimée brise la langue d'Homère pour en réunir les débris en mots nouveaux compliqués connue des symboles, et dont l'image multiple se présente comme un groupe de marbre. Sculpture, peinture, musique, mouvement, le relief, la ligne, le rythme, je dirais presque la danse sacrée de sa parole, rendent admirablement, par toutes les ressources de l'expression humaine, la nature et la vie particulière de ses ouvrages. D'une simplicité élémentaire dans la composition du drame, il le remplit quelquefois presque tout entier de lamentations lyriques, longues, obscures, monotones, - et telle est néanmoins la vibration magique qui tremble sur toutes ces cordes, qu'on se sent ému en même temps qu'étourdi, parce que sous le mot rude ou éclatant, sous la vétusté du mythe, sous l'image qui rayonne en passant, il y a toujours ou une prière, ou une indignation, ou une pitié..."
" ... Ainsi, en Toscane comme ailleurs, un antagonisme déjà très animé entre le pouvoir civil et la puissance ecclésiastique se manifestait de lui-même ; un ordre nouveau cherchait spontanément à se dégager de l'ordre ancien. Si les vues particulières des princes lorrains donnaient plus d'activité à cette fermentation, longtemps étouffée par les grands-ducs de la maison de Médicis, il y avait aussi une opinion indigène déjà formée, et qui soufflait dans le même sens. Les ministres de François ne manquaient pas d'ailleurs de rattacher leurs projets à une tradition déjà ancienne, quoique interrompue par les événements, à des actes qui remontaient aux plus beaux temps de la république. Ils rappelaient que, dès 1346, les magistrats s'étaient déjà fatigués de rencontrer trop souvent sur leur chemin une puissance indépendante de l'état, qui s'ingérait dans, les affaires purement civiles, et qu'ils avaient puni sévèrement les agents du saint office pour arrestation arbitraire. On avait même fait alors un règlement remarquable qui limitait les pouvoirs de l'inquisition, supprimait une partie de ses agents, fermait ses prisons, et, pour rendre ces dispositions statues, fondait un corps spécial et permanent de magistrats nommés les quatorze défenseurs de la liberté, chargés d'examiner tous les actes de juridiction émanés de la puissance ecclésiastique..."
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