Om Les cadres sociaux de la mémoire
" Comme nous feuilletions, dernièrement, un ancien volume : du Magasin pittoresque, nous y avons lu une histoire singulière, celle d¿une jeune fille de neuf ou dix ans qui fut trouvée dans les bois, près de Châlons, en 1731. On ne put savoir où elle était, née, ni d¿où elle venait. Elle n¿avait gardé aucun souvenir de son enfance. En rapprochant les détails donnés par elle aux diverses époques de sa vie, on supposa qüelle était née dans le nord de l¿Europe et probablement chez les Esquimaux, que de là elle avait été transportée aux Antilles, et enfin en France. Elle assurait qüelle avait deux fois traversé de larges étendues de mer, et paraissait émue quand on lui montrait des images qui représentaient soit des huttes et des barques du pays des Esquimaux, soit des phoques, soit des cannes à sucre et d¿autres produits des îles d¿Amérique. Elle croyait se rappeler assez clairement qüelle avait appartenu comme esclave à une maîtresse qui l¿aimait beaucoup, mais que le maître, ne pouvant la souffrir, l¿avait
fait embarquer"
Héritier et critique de Durkheim, Maurice Halbwachs (1877-1945) fut le véritable initiateur et théoricien de la sociologie de la mémoire. Parue pour la première fois en 1925, son étude des Cadres sociaux de la mémoire a profondément influencé les historiens et les sociologues; elle retrouve toute son importance aujourd'hui que la question de la mémoire collective s'impose plus que jamais. La présente édition est accompagnée d'une postface de Gérard Namer, professeur de sociologie à l'université de Paris-VII et auteur d'un essai sur la pensée de Halbwachs (Mémoire et société, Paris, 1987), qui, grâce à une lecture des cahiers laissés par l'auteur, éclaire son oeuvre d'un jour nouveau.
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